• Portrait

« Je m’intéresse aux personnes qui ont plus de difficultés que les autres »

Le parcours de Jacqueline Imhof, collaboratrice de l’atelier de reliure, est tout sauf ordinaire. Il l’a menée de l’Oberland bernois à Israël dans un kibboutz, puis dans un foyer indien pour femmes, avant de revenir en Suisse, où elle a cofondé la maison de naissance de Mötschwil et travaillé sur l’alpage en tant qu’alpagiste. Des bouleversements privés ont également façonné son parcours – et l’ont amenée chez Stämpfli.

Travailler dans un kibboutz, avoir la fièvre à Goa

Dans la vie, les choses se passent rarement comme prévu. Le voyage de Jacqueline commence par un billet d’avion pour Tel-Aviv que sa mère lui a offert à la fin de son apprentissage. En Israël, elle fait du bénévolat dans un kibboutz. Avec un groupe d’amis qu’elle a rencontrés là-bas, elle poursuit son voyage en bateau jusqu’en Inde où elle travaille dans un foyer pour femmes. C’est ainsi qu’elle entre en contact avec l’obstétrique et le massage indien des nourrissons. Selon elle, les conditions de vie de ces femmes sont inimaginables. Elles fuient la violence et les abus sexuels ou sont rejetées par leur famille. « Je m’intéresse aux personnes qui ont plus de difficultés que les autres », dit Jaqueline. C’est pourquoi elle a tant aimé travailler avec ces dernières. « En tant qu’Européen de l’Ouest, en revanche, ton plus grand risque est de ramasser quelque chose. » C’est ce qui arrive à Jacqueline. Suite à une infection par des vers, elle tombe gravement malade et maigrit jusqu’à ce qu’elle ne pèse plus que 42 kilos et que son père doive la ramener en Suisse. 

Massage indien pour nourrissons à Berne

Après la période marquante à Goa, il est clair pour Jacqueline qu’elle veut continuer à travailler avec des nourrissons. C’est ainsi qu’elle commence à travailler comme auxiliaire de santé dans la salle d’accouchement de l’hôpital Salem. Dès la première naissance, elle est fascinée par ce travail. De plus, elle peut mettre à profit son expérience d’Inde : elle masse les femmes pendant l’accouchement, soulageant ainsi les douleurs des contractions, et les nouveau-nés reçoivent d’elle un massage indien pour nourrissons. Après quelques années à la maternité, Jacqueline fonde en 1991 la maison de naissance de Mötschwil avec trois sages-femmes de l’hôpital Salem. Pour cela, elles transforment une ancienne ferme. Jacqueline est responsable de l’intendance domestique : elle s’occupe des poules, entretient le grand jardin et cuisine pour les nouvelles mères. En outre, elle prépare des teintures, des pommades, des confitures et des infusions, prodigue des massages et apporte son soutien dans les soins. Jusqu’à sa fermeture en 2010, plus de 2000 enfants sont nés dans la maison de naissance, qui a déménagé à Oberburg en 1996.

Technoparty pour enfants sur l’alpage

Dans les années 1990, Jacqueline passe plusieurs étés à l’alpage. À Barwengen, sur le Hornberg, elle travaille bénévolement en tant qu’alpagiste. Le lien avec la vie paysanne et rurale lui vient de son enfance, de ses grands-parents. Elle a grandi dans le paisible village de Beatenberg. Elle est tombée enceinte pendant son apprentissage de coiffeuse, ce qui ne l’a pas empêchée de terminer sa formation avec succès. Lorsqu’elle se rend en Israël, son fils reste avec sa grand-mère.

Sur le Hornberg, elle apprend à faire du fromage, aide à la récolte du foin et accompagne la naissance des veaux. Pendant deux mois, les paysans hébergent quelques enfants issus de milieux difficiles. Jacqueline organise des fêtes techno avec eux et les emmène lors des vêlages. On peut faire confiance aux enfants si on les accompagne avec amour, dit-elle. 

Toujours dans l’imprimerie

Dans les années 1980, Jacqueline avait déjà donné un coup de main chez Stämpfli à la production d’annuaires téléphoniques. Des décennies plus tard, elle revient chez Stämpfli par des voies détournées. Lorsque son compagnon tombe malade, elle quitte son travail en obstétrique pour s’occuper de lui. À la recherche d’un emploi plus flexible, elle atterrit à nouveau dans le secteur de l’imprimerie. Pendant 15 ans, elle travaille dans l’atelier de reliure de l’imprimerie Seiler. Lorsque l’entreprise ferme ses portes, Jacqueline doit apprendre de nouvelles méthodes de recherche d’emploi. C’est ainsi qu’elle a appris à se servir d’un smartphone. Finalement, elle revient chez Stämpfli par le biais d’un bureau temporaire, où elle travaille aujourd’hui dans l’atelier de reliure.

Équilibre de vie

Nature

Jacqueline puise beaucoup d’énergie dans la nature. Elle passe le plus de temps possible dans la forêt ou au bord de l’eau, le plus souvent au bord de l’Aar ou de la Singine. Chez elle aussi, Jacqueline aime la verdure. Elle y exploite un hôtel à insectes et un véritable balcon écologique, comme elle l’appelle. Tout y est cultivé par ses soins. Elle n’achète pas de graines de fleurs, mais les récolte lors de ses nombreuses promenades.

Protection de l’environnement

On devrait avoir honte de la manière dont les hommes utilisent les ressources naturelles. Elle ne peut pas donner beaucoup d’argent, mais elle peut donner de son temps. C’est pourquoi Jacqueline aime ramasser les déchets – une petite contribution pour l’environnement.

Tamara Ulrich
Responsable de produit médias juridiques
Éditions Stämpfli
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