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Emma Stämpfli-Studer – ­pionnière bernoise de la famille Stämpfli

Les idées et les innovations d’Emma Stämpfli-Studer influencent aujourd’hui ­encore la Suisse et plus particulièrement Berne. L’histoire passionnante d’une ­femme qui a tenu bon, mais qui n’a jamais oublié son prochain.

Emma Stämpfli-Studer, Porträt von Ernst Kreidolf, 1918

Emma Stämpfli-Studer est née à Berne en 1848 dans une famille aisée. Son père était la deuxième génération à diriger la Studer’sche Apotheke dans ce qui est aujourd’hui le bâtiment Loeb, près de la gare centrale de Berne. Sa mère était également issue d’une famille de pharmaciens. De manière générale, les sciences naturelles semblent avoir été d’une grande importance dans la famille. Par exemple, certains membres de la famille ont eu une influence sur la construction du musée d’histoire naturelle ou des jardins botaniques. Mais on politisait également dans la famille, et pas seulement les hommes: Julie Luise Studer-Steinhäuslin, belle-sœur d’Emma Stämpfli-Studer, était membre de la commission consultative de la Société des Nations et a fait campagne en faveur d’un accord international pour des lois plus strictes contre la traite des femmes et des enfants. Et Emma Stämpfli-Studer, secouée par ses propres impressions dans le quartier ouvrier de la Länggasse à l’époque, a fondé une crèche avec son mari Karl Stämpfli en 1880 pour assurer la garde des enfants des ouvrières et ouvriers jusqu’alors non surveillés. Le bien-être des ouvrières et des ouvriers lui tenant également à cœur, elle crée en 1895, en mémoire de Karl Stämpfli, décédé un an plus tôt, l’une des premières caisses de maladie, d’invalidité et de décès en Suisse, 33 ans avant que cela ne soit réglementé par la loi.

L’histoire se répète

Emma Stämpfli-Studer a été une pionnière dans de nombreux domaines, notamment en tant que directrice de l’imprimerie Stämpfli. Pour cette époque, un fait inhabituel, mais elle était cependant déjà la troisième femme à disposer de cette possibilité. La grand-mère de son mari, Marie Albertine Stämpfli, avait déjà dirigé l’imprimerie entre 1807 et 1828 après le décès prématuré de Gottlieb Stämpfli. Son fils, Carl Samuel Stämpfli, a repris l’entreprise pendant les 18 années suivantes, mais il est lui aussi décédé relativement jeune, en 1846. Par la suite, la veuve, Maria Friederike Luise Stämpfli-Gerwer, a décidé de vendre l’entreprise. L’un de ces deux fils était Karl Stämpfli, qui a rendu l’entreprise à la famille en 1871. Et incroyablement, l’histoire s’est répétée à nouveau: à la mort de Karl Stämpfli en 1894, l’entreprise passe pour la troisième fois entre les mains d’une femme.

De 1877 à 2003 l’imprimerie de Stämpfli se trouvait à la Hallerstrasse 7/9 dans le quartier de la Länggasse. Photo de 1933.

Le lieu actuel de la maison de distribution et de l’imprimerie Stämpfli est à la Wölflistrasse 1.

Un engagement infatigable

Pour la nouvelle directrice Emma Stämpfli-Studer, il était clair que l’imprimerie de livres Stämpfli avait besoin de travailleurs formés et motivés. Elle savait comment les lier à l’entreprise – en les encourageant et en les valorisant. Elle s’est également intéressée à la vie des ouvrières et ouvriers, comme en témoignent les innovations en matière de droit du travail mentionnées. Contrairement à ses prédécesseurs, Emma Stämpfli-Studer est restée activement impliquée dans l’imprimerie Stämpfli jusqu’à un âge avancé, même après l’entrée de ses fils dans l’entreprise en 1908. Outre son travail, c’est en particulier dans la crèche de la Länggasse, qui existe encore aujourd’hui sous le nom de Fondation de la crèche de la Länggasse (Stiftung Kita Länggasse), qu’elle a exercé une grande influence sur le règlement de l’entreprise, le règlement intérieur et les soins de santé et d’hygiène des enfants. En 1907, l’association Schweizerischer Zentral-Krippenverein a été fondée à Berne sous la direction d’Emma Stämpfli-Studer. Elle existe encore aujourd’hui sous le nom de kibesuisse. L’engagement d’Emma Stämpfli-Studer au sein de l’association ne s’est pas limité aux enfants mais a également concerné les mères. Elle était consciente que les crèches assuraient non seulement la garde des enfants, mais amélioraient également la situation professionnelle et donc financière des femmes et leur permettaient de devenir plus indépendantes. Malgré l’hostilité sexiste et les critiques concernant son engagement envers la classe ouvrière, l’association a pris de l’importance et a attiré l’attention internationale.

Atelier de reliure vers 1970

Emma Stämpfli-Studer et ces fils développèrent l’imprimerie et la maison de distribution : Ici, la reliure avec la plieuse, 1951. Dans la reliure travaillaient surtout des femmes.

Le monotype de moulage de l’imprimerie était complètement dans les mains des hommes, 1955.

 

Emma Stämpfli-Studer est décédée le 30 janvier 1930. Il y aurait beaucoup plus à dire sur sa vie et ses succès au cours de ces 82 années: sur son enfance, ses activités d’écriture ou son travail pour Pro Juventute. Une chose est sûre: Emma Stämpfli-Studer a travaillé sans relâche – pour sa famille, son entreprise, sa ville et ses semblables.

Source: Andréa Kaufmann: Emma Stämpfli-Studer (1848–1930). Tradition et vision, dans: Drucken – Backen – Forschen. Pionierinnen der modernen Schweiz, Zurich 2016, pp. 8 – 41.